Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

FanaFiction

4 avril 2024

Sine Qua Non

J'ai découvert ces derniers jours les conditions sine qua non déterminant ce que sont pour moi des œuvres majeures. Si j'évoquais ces conditions sur un forum littéraire, il est certain qu'on me qualifierait d'imbécile niais. Mais puisque je me préfère aux ego nauséabonds qui pullulent sur ces forums, je me plais ici à partager ces conditions avec moi-même. 

D'abord, le positif est nécessaire, on ne veut plus du négatif. Une œuvre majeure doit faire du bien ; qu'on ne vienne jamais me dire que Marcel Proust vaut mieux que Mario et Luigi !  Le positif a plusieurs biais possibles, bien sûr : il peut s'agir d'humour, de bonheur simple, ou de légèreté. Ce positif doit fournir son cadre essentiel à toute négativité moindre, à toute épreuve potentielle intégrée à l'œuvre. 

Ensuite, les sentiments sont plus importants que l'intellect.

De plus, enjeux ou jeux, l'aventure, c'est la vie !  

Enfin, les personnages doivent être menés à bon port. Le bon port, c'est celui où les personnages vont bien, à partir duquel on peut les ressaisir pour des suites de toutes formes dans lesquelles ils seront simplement eux-mêmes, dans lesquelles on pourra les emmener jouer ; essentiellement, le bon port est l'endroit à partir duquel on peut les laisser vivre jusqu'à la mort qui intemporalisera leur expérience d'eux-mêmes et nous permettra de les faire vivre dans l'intemporalité idéale de tout personnage. 

Publicité
Publicité
7 mars 2024

Cartoon in Between

Le générique de fin de Ratchet et Clank (un jeu que j'ai adoré !) met en images ses protagonistes dans un style cartoon dépeignant leur quotidien au-delà des événements du jeu. J'ai déjà beaucoup fantasmé sur l'idée du quotidien des personnages, sur ce qu'ils vivent dans les ellipses entre deux arcs narratifs. Et je me dis que ça doit être ça, au moins pour les univers déjà légers, et peut-être même pour les univers lourds: les personnages vivent dans des séries en dessins animés des aventures moindres -- ou parfois pas moindres --, et même des non-aventures, chez eux, en courses au supermarché, dans un aéroport à l'arrêt ou encore dans un road-trip chantant l'amitié. L'entre-deux permet le choix du graphisme, l'arbitraire créatif étant sans limites; les personnages changent-ils littéralement d'univers graphique sans se poser la question ou chaque graphisme est-il transposable aux deux facettes narratives de telle sorte que toutes les visions sont vraies (et pourraient se confondre dans des flashbacks impliquant ces facettes l'une dans l'autre)? A chacun de choisir son option, et, si les personnages n'en ont pas vraiment conscience, la première option n'exclut pas la seconde.
Cette idée nourrit tant de plaisirs créatifs potentiels. Car oui, je pourrais carrément produire un dessin animé dragon ball avec les graphismes de Loud's House, prenant place dans les trous narratifs, sans que l'on puisse vraiment le taxer de non-canonique, puisqu'il serait canonique en lui-même. Je pourrais réaliser un dessin animé au graphisme disneïque mettant en scène Ellie de The Last Of Us avec le fantôme de Joël, et ramener leur univers aux ténèbres bancalement excessives vers une lumière nécessaire. Tout est permis.
Ce qui est sûr, dans la mesure où je le décide, c'est que Ratchet et Clank et Rivet et Kit vivent dans cet entre-deux cartoon. Peut-être qu'un jour, comme on dit "dans une autre vie", je mettrai en scène ces quotidiens-là. Je me vois bien créer dans l'univers cartoon un original personnage chapeauté, que j'aurai la joie de voir apparaître, grâce à ma future palette, ma palette actuelle dissimulée au temps, de game-master, dans un jeu Ratchet et Clank, dans l'une de leurs grandes aventures aux enjeux universels, dans le graphisme non- contradictoire de ce jeu. Car c'est ainsi : je peux ici et maintenant dessiner un personnage et décider qu'il fait partie de Ratchet et Clank; parce que si je le décide, je le canoniserai par le dessin animé et le jeu, plus tard, là-haut; vraiment, tout est permis.

14 octobre 2023

Le problème de Star Wars

Le problème de Star Wars aujourd'hui consiste en la déformation du mythe initial par une unité de propositions canoniques ; il s'agit de l'exploration non linéaire de la première écriture là où il serait largement préférable de considérer les nouveaux apports comme des propositions parallèles, des réécritures canonisables par le spectateur. La réécriture, c'est la clé de tout. 

14 octobre 2023

Otaku de mes 2

Encore une fois, le chef Otaku m'insupporte !

Comment les gens peuvent-ils être fans de ce mec ? Son avis est insignifiant, son attitude vulgaire et ses visions nauséabondes.

Dragon Ball Daima est ce qui pouvait arriver de mieux à Dragon Ball. Cette licence a besoin de fun et d'aventures enfantines, et si enjeux épiques il doit y avoir, ce n'est que dans le cadre d'un rythme et d'un fond légers et amusants que ces enjeux prendront de la valeur. Sangoku petit incarne l'essence de Dragon Ball bien davantage que la regrettable ère sayen. Pour cette raison, vive Dragon Ball Daima !

Quant à la question de la chronologie, bien que cette éventualité ne soit pas considérée par notre horripilant cuistot, il est plus que souhaitable que Daima se dissocie de la timeline de Super (et même de Oob ! L'épilogue de DBZ est nul).

Dragon Ball a déjà créé son mythe, qui s'étale jusqu'à la fin de Z. Tout ce qui peut être proposé aujourd'hui peut littéralement n'être que cela : une proposition. Et c'est génial. Les suites peuvent se multiplier, chacune d'entre elles intégrant le mythe à sa source, laissant libre à chacun de canoniser ses préférences. Les propositions que j'aurai mises en forme dans plusieurs siècles seront des canons recevables, aussi valables que le mythe lui-même.

Daima doit être accueilli sous l'angle de cette perspective réjouissante. C'est une pierre qui vient cogner et faire s'écrouler la dualité des suites précédentes, et surtout, enfin, qui dresse Dragon Ball au rang d'Univers non figé, appartenant à nos mains, à nos cœurs inventifs, à notre inouï potentiel de « et si...? ».

23 décembre 2022

Otaku de mes deux

Depuis quelques mois, j’expérimente un nouvel essor de passion pour les mangas. Mon intérêt pour Dragon Ball retrouvé, j'en suis venu à suivre le Chef Otaku et à lire les scans de Dragon Ball Super ; et de fait, à voir les réactions dudit chef auxdits scans. 

Comme sa bêtise m'amuse ! mais comme je déplore le fait qu'il est, en France, la référence majeure dans le domaine de la critique mangas ! 

J'ai compris avec le chapitre 88 que le Chef Otaku représente mon antithèse. Il est une caricature de fan de Dragon Ball, donc un horrible lecteur : il attend les gros combats, il veut du badass, du violent super vilain, de l’épique fight encore et encore ; il a détesté le chapitre 88, l’a trouvé chiant, débile, inutile. Pourtant, ce chapitre est exactement ce qu’il faut à Dragon Ball ! Il arbore presque exactement le ton que je désirerais donner à mes fanfictions fantasmées. Trunks et Sangoten sont fun et concons, jeunes et foufous ; sa ville principale pimpante et joyeusement futuriste, l’environnement déborde de vie ; l’histoire s'affirme légère et amusante, libérée des sempiternels enjeux guerriers musclant les pères de nos deux idiots ; les personnages secondaires existent. Ce chapitre excellent me rappelle combien je préfère Dr Slump ou les débuts de Dragon Ball à Dragon Ball Z et son fatras de big badguys qui ne laissent pas l’univers respirer. 

Le Chef Otaku n’étant pas un individu intelligent, il ne comprend même pas que les tensions dramatiques et les redoutables méchants s’avéreraient un million de fois plus impactants si les contrebalançait un scénario drôle et paisible, enthousiaste, comme celui que dépeint ce chapitre 88. Ici enfin, il y a des personnages à aimer, à aimer parce qu’ils vivent ; mais « vivre », qu’est-ce que cela peut représenter pour un Chef qui rote, et qui rote, et qui rote, avec une laideur détachée de gros beauf, sur le moindre de ses lives twitch ? 

Publicité
Publicité
20 décembre 2022

L'espèce fabulatrice

 

13 décembre 2022

Récréation

Je veux considérer ici certains de mes fantasmes de réécritures, qu'ils soient voués à ne rester que fantasmes ou à se matérialiser dans quelque bel espace de la vie large.

Voilà un sujet que je déclinerai sans doute en de nombreux articles au fil du temps, tant mon idéal ré(re)créatif est riche, façon Dieu des jouets.

 

Poufsouffle –

Je me dis depuis longtemps déjà qu'une sitcom sur les poufsouffles serait une excellente idée. J'aime les losers, et il serait jouissif de faire des poufsouffles des losers magnifiques. Leur salle commune serait évidemment l’espace central de la sitcom, dans laquelle on verrait les élèves discuter, comme de redoutables stupides outsiders, des grands enjeux du monde de la sorcellerie – enjeux toujours superbement invisibles à l’écran. J’imagine de jeunes Howard Wolowitz et autres Leonard, sans génie toutefois, vivre leur insignifiance grandiose au milieu de l’école épique, comme s’ils n’y étaient que des microbes figurants, des présences distantes, piliers de grande salle ou de salle commune.

 

Dragon Ball Nopower –

La fanfiction est un domaine passionnant. Dommage que les auteurs de ses œuvres soient là plupart du temps mauvais, parce que si de bons créateurs tombaient de leurs egos infantilisant la pop culture, nous pourrions avoir des œuvres excellentes à foison. Une part de moi est née, au début des années 90, pour fanfictionner Dragon Ball ; c’est une évidence, je suis après tout un frère de Goten. Dragon Ball Kakumei est bourré de défauts, mais me fascine par l’impression qu’elle transmet de lire une série authentique. Elle me crie : « toi aussi tu peux ! » Dragon Ball mériterait des dizaines de divergences, depuis toutes les fins d’arcs de la série. J’en exploiterai sans doute des idées sur ce blog. Ici je fantasme surtout sur une nouvelle suite à la saga Boo dans laquelle tous les personnages perdraient leurs pouvoirs surhumains et devraient réapprendre à lutter à un niveau d’humanité ordinaire, que ce soit dans les affres du quotidien ou contre des vilains à échelle réduite.

 

4 juillet 2022

Star Wars

Le plus gros problème de Star Wars désormais, c'est l'épisode 4, le film original. Si l'on exclut la dernière trilogie catastrophique, que son excellent chapitre central ne parvient pas à sauver, Un Nouvel Espoir est le seul opus à sonner désespérément faux, d'autant plus qu'il demeure le pivot de cette saga remarquable et qu'il en fût la première pierre -- fatalement hasardeuse.


Le meilleur de Leïa se trouve à présent dans la série Obi-Wan Kenobi, où la relation entre les deux personnages est belle et tendre, et surtout importante : les dangers qu'ils surmontent ensemble les lient pour la vie. Or, si le vieux Kenobi de Lucas paraît sans émotion face à la capture de la princesse par l'Empire, celle-ci surtout se révèle indifférente au Jedi comme à sa mort ; on sent bien qu'elle ne le connaît pas -- même si d'un point de vue factuel, rien ne le dit vraiment (même son appel à l'aide ne le prouve pas et peut s'intégrer facilement dans l'ordre écrit par la série), de sorte que l'ensemble ne souffre pas d'incohérence indiscutable. De plus, Luke et Leïa sont ici des héros sans cœur ; le premier perd son oncle et sa tante comme si on lui enlevait des mains deux poupées insignifiantes, et la seconde inflige la même réaction improbable à sa planète détruite et à ses parents explosés -- sans doute le drame les atteint-il dans les ellipses : elles sont suffisamment prononcées pour permettre l'excuse --, alors qu'Owen et les parents de Leïa ne manquaient pourtant pas de valeurs selon la saga élargie. Pour ces raisons, l'épisode 4 s'avère émotionnellement erroné, affreusement inacceptable.


À dire la vérité, la trilogie originelle devrait être refaite. Certes cela serait paradoxal étant donné que la force des meilleurs moments de la saga tient dans leur mouvement vers cette première trilogie, dans l'intensité et l'émotion des événements qui la construisent et y aboutissent ; mais nous n'accordons pas tant cette force au déroulé factuel discordant de la trilogie qu'à sa signification globale, qui constitue en nous le mythe des enfants d'Anakin Skywalker.


Un Nouvel Espoir est un opus véritablement ridicule, aux personnages affligeants, une relique pleine de rouille qui fait mal à regarder. Il annule la réalité de la saga prise dans son ensemble, donc dans sa vérité. Il pose problème parce qu'il est faux. Les personnages de la prélogie possèdent une âme dont manquent désespérément les marionnettes de la trilogie originelle. Heureusement, parce qu'il est faux, parce que les excuses apportées ne peuvent cacher l'évidence du fait que Léia et Ben ne se connaissent pas, parce que ce premier Ben n'est pas le Obi-Wan ayant "perdu" Anakin, Un Nouvel Espoir n'est évidemment pas la suite de la prélogie et de la série Obi-Wan Kenobi. La trilogie d'origine n'est que la vieille ébauche d'une partie manquante de l'histoire, une ébauche mal construite et pleine d'erreurs. Comment, sachant cela, doit-on penser Star Wars ?

***

Les "fans" se donnent tellement un genre qu'ils mépriseraient l'idée d'un remake de la trilogie originale indépendamment des meilleures intentions qui pourraient être à sa source. Mais les "fans" sont définitivement débiles, comme beaucoup trop de gens dans l'orbite de Star Wars -- coucou mister Abrams.


Star Wars mériterait une équipe créative qui aime et respecte son univers, une équipe que ne pourrait pas intégrer n'importe quel imbécile engagé par Disney. J'ai beau adorer le principe des fanfictions, et considérer fièrement que l'œuvre appartient à celui qui s'en empare, il convient néanmoins que l'ordre d'une série soit déterminé par une prise de possession unique, qu'une force de décision isolée valide le réel de l'œuvre en question -- comme c'est le cas pour tout un chacun en son for intérieur, lucide ou non, mais comme ça ne peut jamais l'être dans le désordre multicréatif d'une entreprise se dépossédant elle-même de son objet .


Un vrai créateur, s'il valide comme moi la série de Kenobi, est ici confronté au fait que la trilogie originale n'est pas la suite de la prélogie ; il doit en reconnaître le fait certain. Il sait alors que l'histoire d'Anakin et d'Obi-Wan n'est pas complète, et que l'histoire de Luke et de Léia reste à raconter. Entre un remake correctif et une réécriture complète, le choix reste ouvert. Bien entendu, cela ne se fera pas, et heureusement : les "fans" hurleraient au blasphème, internet jouerait sa perpétuelle excitation et se déploieraient les singes de son cirque vomitif, et Disney n'est de toute façon pas à la hauteur, la vision de Star Wars n'étant à souris-ville incarnée par personne. Et puis, Rogue One s'avérant un excellent film validé, nous aurions besoin de la jeune Carrie Fisher, et idéalement du jeune Mark Hamill. Il convient alors d'élargir l'idée du remake aux possibilités plus largement fantasmées par ce blog, c'est à dire, en fait, de laisser Star Wars n'appartenir qu'au fantasme ; son univers ne saurait valoir mieux ici-bas. 

6 novembre 2021

Les défictionnés

Je déteste les défictionnés. 

J'appelle "défictionnés" ces profils prétentieux qui gerbent leurs grandes verves et savantes rhétoriques dans les sphères médiatiques du sociopolitique, du noble littéraire, de l'élitisme intellectuel. Les défictionnés sont des morts d'avant-mort. Leurs paroles, leurs discours, leurs "éditos" sont en fait des selfies d'influenceuses - tous connectés ! -, alors qu'ils croient errer dans les sphères du profond, du tragique, du subtil ou de l’existentiel.

J'ai toujours du mal à imaginer ce moment où les défictionnés, si nombreux en ce bas monde, seront aspirés par le tunnel, aspirés par leurs propres enfances, dans l'évidence révélée de leurs erreurs de pensées, de perspectives, leurs erreurs d'ego. Ils sont si nombreux que j'en craindrais presque qu'une certaine "dimension" de l'au-delà leur ressemble ; je craindrais presque de les retrouver là-haut, parlant de la vie, écrivant sur elle, la dévivant sans cesse par le verbe d'ambition saisissante. Et puis je me souviens que toutes les grandes réponses sont connues, les encombrants mystères résolus, et les rhétoriques désanctifiées par la chasse d'eau de l'absence de temps.

Le penseur naguère épanoui dans sa propre surbrillance se rencontre enfin à travers sa mort, au rideau déchiré comme une révélation, comme un étranger au privilège nul, à la supériorité nulle, la sagesse nulle, l'âge adulte nul ; les pensées camusiennes sont des ballons crevés, dont l'air libéré, comme rendu au souffle, recycle de vieux livres brûlés. Les défictionnés sont des morts d'avant-mort. Les quelconques d'aujourd'hui - la masse joueuse, abasourdie de culture pop - ne sont pas toujours les plus fins, ils moutonnent souvent, se conjuguent hélas sans révolte ni vision profonde, mais ils sont d'une intelligence plus affûtée que celle dont les défictionnés se gargarisent, ils sont les vivants d'aujourd'hui, les rescapés de la grande mort intellectuelle, cette faucheuse encéphalique plus illusionnée qu'un Yann Moix.  

Les défictionnés jouissent de fictions pour défictionnés, c'est-à-dire de fictions vouées à se réfléchir dans leurs intellects, au travers de personnages eux-même défictionnés, miroirs sociaux et donc objets d'études, acteurs historiques et donc masturbateurs culturels, ou encore sisyphes modernes et donc branleurs existentialistes. Il faut dire que les défictionnés, réels et fictifs, souffrent de la même ignorance fondamentale que celle dont souffrait ce con d'Albert, cette ignorance qu'ils refusent de regarder en face sous prétextes vaguement agnostiques, sceptiques, illusoirement lucides. Ils voient la masse des adulescents rêveurs aux idéaux apolitiques comme un brouhaha de médiocrité, au-dessus duquel leur verbe s'élève devant un éternel inavoué, parfois néant paradoxal, qu'ils idolâtrent dans une cupide et demi-consciente prétention de postérité. 

L'ironie est que si d'aventure ils gagnent quelque postérité, la raison de cette postérité meurt là où ils meurent, c'est-à-dire là où ils gagnent la vie, retombent d'eux-mêmes, de leurs verbes pitoyables et sans grandeur ; là où il ne leur reste que les fruits de leurs chutes, la vie revenue et des enfants rêveurs aux idéaux apolitiques, pour apprendre à se tenir debout dans le réel. 

 

3 novembre 2021

Sitcom

J'ai une certaine fascination pour les sitcoms. Je trouve que le bonheur leur ressemble. Je ne parle pas de rires enregistrés ou de situations gaguesques en rafales ; je parle de vie quotidienne heureuse, joueuse, éveillée, toujours propice à quelque chose, quelque part, et à rentrer à la maison. Dans les sitcoms, les aventures psychologiques des personnages, celles qui se déroulent partout au-delà de soi, dans la projection, l'enjeu de sa propre existence, à travers l'ambition qui nous sort sans arrêt de chez nous, ces aventures sont des entredeux indistincts, presqu'invisibles à l'écran ou des intrigues prétextes, qui apparaissent moindres que le simple fait d'aller bien, d'avoir des amis, une famille, comme si elles n'étaient plus des échappatoires mais plutôt des gardiennes nourricières du quotidien. 

Il y a, dans les sitcoms, l'intemporalité de ces fameux temps où l'on était heureux sans le savoir, avec "on est heureux et on le sait" en bannière dans les yeux de chacun. Il y a croiser des âmes contentes, toujours, tout le temps. Il y a savoir vivre et savoir s'aimer. 

Je sais beaucoup de choses, je sais mieux où l'on va que tout un chacun, et pourtant je ne sais pas où l'on va. Ce que je sais, c'est qu'il fut un temps où le soir promettait en leur ressemblant des matins de magie, dans les bras d'aurores sans inquiétude, où le salon resplendissait d'une famille tranquille et les lendemains, d'un champ doré d'insouciance ; par les livres, les films ou l'imagination, toutes les aventures de l'Univers habitaient en ces soirs-là comme en ces jours qui les précédaient, elles y tissaient leurs souvenirs et leurs promesses d'autres jours, d'autres aventures. 

Les sitcoms m'évoquent ces temps-là ; leur bonheur me manque. 

Je me dis souvent que l'avenir parfait de tous les personnages de toute provenance est une éternité de sitcom, peut-être entrecoupée de grandes aventures, mais entrecoupée avec intensité justement par la grâce de la tranquillité sitcomique à la source de ces aventures. 

Cela, je me le dis avec ferveur, avec un espoir blanc et chaud.

Et ce que je me dis pour tous ces personnages, bien sûr je me le dis pour nous tous. 

Publicité
Publicité
1 2 > >>
Publicité