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FanaFiction
17 mars 2021

Quotidien

Il est une énigme dont j'aime à fantasmer la résolution, sans pour autant la saisir ; je parle du paradoxe entre ma soif d'aventure et mon goût du quotidien, entre l'aspiration au bonheur et l'appel des aspérités. Plus encore que selon ma propre perspective, je me place ici du point de vue des personnages fictifs. En effet, à un certain degré d'attachement à un personnage, il est difficile de le lâcher, et l'on peut sentir en soi le désir de l'accompagner indéfiniment au-delà de son aventure ; or, il est difficile de donner un intérêt au quotidien d'un protagoniste si celui-ci n'a plus d'intrigue ou de défi. 

Il est évident que nous n'aimerions pas vivre en permanence dans le quotidien d'individus fictifs, puisqu'il s'agirait à travers eux de le combler pour eux alors même que la fiction se doit de combler le nôtre. L'objectif ne serait donc pas de façonner leur quotidien littéralement. Cependant, puisque nous aimons nos personnages, nous nourrissons l'idée qu'ils aient un quotidien, et en somme, en ce sens que nous désirons les jouer dans l'exacte mesure où nous les souhaitons vivants, nous leur espérons un univers heureux. Ce n'est pas pour rien que les personnages desquels intimement j'exige une continuité sont ceux qui ont été laissés livrés à leurs détresses, dans un état de non-bonheur et de non-résolution émotionnelle. Ainsi, il nous faut guider nos personnages vers leurs propres résolutions pour les savoir épanouis et épanouissants dans un quotidien de lumière. Alors la question de la conjugaison de leur quotidien se pose.

Les fictions qui s'en tirent le mieux avec la gestion du quotidien sont de nature comique, mais là encore les personnages sont en fait confrontés en continu à des défis divers, aussi dérisoires paraissent-ils. Le quotidien dont il est question dans cet article se veut bien plus représentatif de l'idée d'un quotidien véritable, tel que nous ne souhaiterions pas y perdre le nôtre. En effet, il s'agit finalement d'arriver à un quotidien conceptuel de nos personnages, un quotidien idéal pour ainsi dire, et d'y puiser - et c'est là le plus important - la possibilité de les conjuguer de nouveau, comme ils s'y conjuguent eux-mêmes par essence. Ce que nous pouvons en faire alors reste vaste, même si nous ne leur opposons plus de gravité extraordinaire ; comme ce serait le cas pour nous dans notre quotidien s'il était parfait, les personnages tiennent toute la richesse de leur monde du dialogue et du jeu ; les exprimer dans le dialogue et le jeu, au travers d'expériences occasionnelles puisque pour eux comme pour nous les expériences et les occasions sont innombrables et ludiques, suffirait amplement à nourrir encore et encore la réalité de leurs existences et la possibilité comme la certitude de les retrouver toujours, dans les aventures nouvelles de la vie que l'on joue sans fin.   

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