Les mondes absurdes intemporels

Je veux parler un moment des mondes absurdes intemporels. Non pas des mondes simplement intemporels, puisque c'est à cela que je fantasmais l'idée de conduire les personnages dans l'article précédent - le quotidien idéal en est un de l'au-delà -, mais véritablement des mondes absurdes intemporels, ces mondes qui sont si délirants et insensés qu'ils nous permettent toute folie. Parmi ces mondes je place par exemple les dessins animés débiles pour adultes ou les univers de Mickey et de Mario. La liberté y est la cohérence-mère, en dépit de l'incohérence globale ennivrante. Pour les personnages de ces espaces fous nous n'éprouvons pas l'empathie profonde, crédible, que nous ressentons pour les acteurs de fictions plus semblables à nos réalités, mais nous les accompagnons tels de francs camarades avec paradoxalement une moindre distance - sans doute du fait qu'en pleine possession de leurs caractères fictifs, ces personnages prennent dans leurs dimensions propres la mesure de notre réalité. 

Ce sont des univers dans lesquels il est toujours bon de se retrouver, dans lesquels nous ne sommes jamais perdus tant l'ordre et la chronologie s'y font malléables. Car ils s'offrent ainsi à toutes les réécritures possibles sans égard à quelque matrice canonique, ils appartiennent à tous les créateurs ou recréateurs libres de toute opposition ou contradiction. Il serait absurde de dire que Mickey ne m'appartient pas, que Bart Simpson ne m'appartient pas, que Mario, Yoshi ou Peter Griffin ne m'appartiennent pas. Leurs univers sont absurdes et dès lors, ils sont miens. 

En plus d'être facilement multipliables en scénarios, contextes et thématiques, ces univers sont aussi transposables dans tous les mediums : par conséquent tous les médiums les adorent, comme les adorent les foules de personnages insensés prêts à y naître, que ce soit par le jeu vidéo, la littérature, l'animation ou encore la bande dessinée.